Marie Lainé

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(1904-1986)

Marie Lainé intègre le Conseil d’État en 1926 comme rédactrice. Elle créé avec ses collaboratrices des fiches de jurisprudence et lance le premier numéro du Bulletin mensuel de jurisprudence. Elle participe également à la refonte du recueil des arrêts du Conseil d’État. En 1939, elle devient secrétaire de la section des travaux publics puis, en 1951, secrétaire-greffière à la section du contentieux et au tribunal des conflits. Modeste et discrète selon ses proches, elle gravit tous les échelons d’une carrière interne au Conseil d’État, mais ne fait pas les démarches nécessaires pour être nommée membre. En 1955, elle devient conseillère hors classe et rejoint le tribunal administratif de Paris, dont elle deviendra bientôt vice-présidente. 

Lorsqu’elle décroche sa licence en droit et embrasse la carrière de juriste, Marie Lainé a conscience de suivre une voie « non traditionnelle » à une époque où l’accès à la magistrature est encore réservé aux seuls hommes. Lauréate de la faculté de droit de Paris, elle soutient une thèse sur « les recours en interprétation devant les tribunaux administratifs » qui fera autorité. Proche collaboratrice de Charles Blondel, conseiller d’État, elle s’engage à ses côtés dans la Résistance, prête son passeport, cache des Juifs et des parachutistes anglais dans son appartement. À la Libération, elle devient attachée de cabinet de M. Blondel lorsque qu’il est nommé haut-commissaire de la République à Strasbourg.

En 1959, elle devient membre du Conseil d’administration de l’Association française des femmes diplômées des universités avant de présider l’association de 1962 à 1967.

"J’ai pu, depuis longtemps, apprécier les mérites exceptionnels de Melle Lainé (…) [Elle] n’est pas seulement un fonctionnaire entièrement dévoué à l’accomplissement de ses fonctions, un chef de service d’une très haute valeur professionnelle, c’est aussi un juriste, ayant une connaissance complète de notre droit administratif et de la jurisprudence du Conseil d’État."
Tony Bouffandeau, président de la section du contentieux