A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Conseil d’État, très engagé pour l’égalité femmes-hommes, a organisé une conférence-débat sur le thème « Existe-t-il un plafond de verre dans la juridiction administrative ? »
Vendredi 6 mars 2020, le Conseil d’État s’est penché sur la question de la place des femmes aux postes à responsabilité à travers une conférence débat qui a réuni plus d’une centaine de membres et agents, femmes et hommes.
« 61 % des personnels de la juridiction administrative, 45 % des magistrats et 33 % des membres sont des femmes. Les femmes représentent 50 % du comité de direction du Conseil d’État, 38,5 % des cheffes de juridiction et 27 % des présidentes de section. Le constat est le même que dans toute la fonction publique : plus on monte dans la hiérarchie, moins il y a de femmes. Le Conseil d’État est toutefois légèrement plus égalitaire que la fonction publique d’État dans son ensemble », a rappelé Catherine Bobo, secrétaire générale adjointe du Conseil d’État et déléguée à la diversité, en introduction de la séance. « Les actions que nous avons mises en place depuis 3 ans en matière de recrutement, formation, promotion, et progression de carrière portent clairement leur fruit, mais nous devons poursuivre nos efforts, pour briser définitivement ce plafond de verre » a-t-elle conclu, en cédant la parole à l’invitée du jour, Françoise Milewski, économiste, chercheure à l’OFCE (l’Observatoire français des conjonctures économiques) et présidente du conseil scientifique de PRESAGE (programme de recherche et d'enseignement des savoirs sur le genre) à Sciences Po.
« Lorsqu’on parle de combattre les inégalités ce n’est pas pour que tous les individus se ressemblent […] mais pour que les différences ne conduisent pas à des inégalités », a déclaré la chercheure en poursuivant sur un état des lieux comparatif de la situation dans le secteur privé et le secteur public et entre les différentes fonctions publiques « aujourd’hui, l’écart « sexué » des salaires est plus faible dans la fonction publique d’État (14,3 %) que dans le secteur privé (18 %). Néanmoins, c’est dans l’octroi de prime que la discrimination est la plus manifeste : en 2013 les hommes perçoivent 33,4% de leur traitement indiciaire brut en prime contre 19 % pour les femmes », a précisé Françoise Milewski en ajoutant « la persévérance des inégalités, même l’apparition de certaines, tient au fait qu’on est passé d’un modèle à un seul apporteur de revenu […] à un modèle à double apporteur de revenu sans mise en cause de la division sexuée traditionnelle et stéréotypée des rôles sociaux. De ce point de vue ces inégalités ne sont pas des inégalités comme les autres. […] Elles mêlent en permanence ce qui se passe dans la sphère professionnelle et dans la sphère privée. »
Parmi les moyens d’action évoqués par Françoise Milewski pour toujours plus d’égalité entre les hommes et les femmes : « la lutte contre les stéréotypes et les préjugés, la féminisation des noms de métiers, la sensibilisation des plus jeunes ou encore la mise en place de mentorat et de structures associatives. Ces moyens d’actions et la mise en place d’objectifs chiffrés, suivis, évalués, permettront qu’une égalité de droit devienne une égalité de fait. »
Le vice-président du Conseil d’État, Bruno Lasserre, a conclu les échanges en soulignant que « l’obtention d’un label est une bonne chose […]. Mais ne nous y trompons pas : ce ne peut être qu’une étape […] l’égalité reste toujours un idéal pour lequel il faut se battre jour après jour, inlassablement, avec ténacité et conviction. »
> Consulter le discours du vice-président du Conseil d’État, Bruno Lasserre