Hommage du vice-président du Conseil d’État à Robert Badinter

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Avocat, professeur, garde des Sceaux, président du Conseil constitutionnel et enfin sénateur, Robert Badinter a toute sa vie défendu une haute idée de la justice, qui réunit la communauté des juges judiciaires, administratifs et constitutionnels.
 
L’hommage national qui lui a été rendu ce matin par le Président de la République a salué son œuvre en faveur de l’État de droit. Cet homme de conviction et de courage restera dans les mémoires pour son combat en faveur de l’abolition de la peine de mort et plus largement au profit d’une justice garante des droits de l’homme et des libertés. L’ancien vice-président du Conseil d’État Jean-Marc Sauvé avait eu l’honneur d’être le collaborateur de Robert Badinter au sein de son cabinet ministériel.
 
Comme garde des Sceaux, Robert Badinter se rendit plusieurs fois au Conseil d’État, pour présider l’installation du vice-président Pierre Nicolaÿ, mais également plus tôt, le 19 janvier 1982, pour rappeler les principes essentiels qui nous guident, aujourd’hui comme hier, et la responsabilité qui pèse sur nous pour garantir les libertés en même temps que le fonctionnement des services publics. Ces propos conservent toute leur actualité et rappellent l’essence de nos missions :
 
« Vous êtes (…) un des gardien des libertés, vous êtes au service des libertés.
 
Dans ce domaine, je me plais à relever que vous avez toujours manifesté qu’il n’y avait pas de petites atteintes ni de victime indigne de l’intérêt d’une si haute juridiction. (…)
 
Et par ailleurs, vous veillez à garantir en même temps le bon fonctionnement des services publics. Vous ne protégez pas seulement les citoyens, vous êtes aussi le régulateur de l’activité administrative parce que vous tracez les règles prétoriennes grâce auxquelles l’exécutif voit plus clairement les limites de ce qu’il peut faire et au-delà desquelles il tombe dans l’excès de pouvoir. ».

 
Attaché aux valeurs fondamentales de la justice, toujours garant de son indépendance, Robert Badinter n’hésita pas à défendre la juridiction administrative lorsqu’elle fut attaquée ou mise en cause.
 
Il lègue à celles et ceux qui œuvrent pour la justice un héritage qu’il nous appartient de perpétuer. C’est l’image d’une justice humaniste et exigeante que nous nous devons de promouvoir.

Didier-Roland Tabuteau
Vice-président du Conseil d’État

 

Crédit photo : © Pierre Guillaud