Déclaration prononcée à l'occasion de la minute de silence observée le 8 janvier à 12 heures par les membres et agents du Conseil d'État en mémoire des victimes de l’attentat perpétré contre le journal Charlie Hebdo.
Notre pays est touché au cœur par l’attentat barbare qui a hier coûté la vie à 12 de nos compatriotes au siège de la rédaction de Charlie Hebdo. Et aujourd’hui encore par la fusillade qui, à Montrouge, a tué ou grièvement blessé deux policiers.
Nous nous inclinons avec respect devant la mémoire de ces personnes, dessinateurs, chroniqueurs, journalistes, policiers, collaborateurs de presse, qui ont été lâchement assassinées, alors qu’elles accomplissaient leur devoir, faisaient leur métier ou exprimaient leurs convictions et leurs talents. Elles faisaient tout simplement vivre la liberté de la presse. Elles veillaient au respect de l’ordre public. Toutes ces victimes faisaient honneur à notre pays.
Nous exprimons aussi notre profonde sympathie et notre solidarité aux blessés et aux familles des victimes, qui sont si durement éprouvés. Nous partageons leur douleur.
Notre réunion rend un hommage et exprime une compassion. Elle dit aussi notre résolution. La République ne cède pas à la terreur. Elle la combat avec les armes du droit et de la loi. Elle manifeste sa propre force par sa détermination, sa cohésion et sa dignité dans l’épreuve.
Cette tragédie invite aussi les services publics, les institutions et services de l’État et, parmi eux, le Conseil d’État à faire retour sur eux-mêmes, sur le sens de leur mission et le cœur de leur vocation. Il leur appartient, il nous appartient de faire vivre le pacte républicain, tel que l’exprime au premier chef notre Constitution. Nous sommes, en tant qu’institution, spécialement chargés de la garde de ce dépôt qui s’énonce en mots très simples et forts dans la devise de la République et dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Il y est, en particulier, question de principes aujourd’hui blessés : la liberté, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la sûreté.
Ce patrimoine inaltérable, la liberté et la sûreté dans toutes leurs composantes, mais aussi tous les autres principes, est une conquête de notre peuple. C’est une promesse pour l’avenir de notre société. C’est aussi une exigence impérieuse pour le temps présent. C’est notre devoir que de le maintenir. Ce devoir, nous continuerons de l’accomplir avec fermeté, constance et sérénité dans la fidélité à ce qui nous constitue depuis plus de deux siècles.
Je vous invite maintenant à observer une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes et en solidarité avec leurs proches. Cette minute de silence, nous l’observons en union avec l’ensemble des magistrats et des fonctionnaires de notre pays, avec l’ensemble de nos compatriotes et avec toutes les personnes qui dans le monde et, notamment au Conseil d’État de Belgique, partagent notre deuil et, en ce moment même, s’associent à notre démarche de recueillement.
A tous, aux morts, aux blessés, à leurs familles et à leurs proches, nous exprimons notre profond respect et notre compassion.