Le Conseil d’Etat occupe le Palais-Royal depuis 1875, aux côtés de la Comédie-Française, du Conseil constitutionnel et du ministère de la Culture. Lieu chargé d’histoire, il a notamment été marqué par la famille d’Orléans. De l'achat de l'hôtel de Rambouillet en 1624 à l'installation du Conseil d'État, retrouvez l'histoire du Palais-Royal et découvrez les salles du Conseil d’Etat.
Le Conseil d'État au Palais-Royal
Survolez en vidéo les lieux occupés par le Conseil d'État au Palais-Royal :
1 - Cour de l'horloge
2 - Le hall d'honneur
3 - Le grand escalier
1 - La salle Napoléon
2 - La bibliothèque
3 - La chapelle
4 - La salle de l'Assemblée générale
5 - La salle de la section de l'intérieur
6 - La salle de la section des travaux publics
7 - La salle de la section sociale
8 - La salle des pas perdus
9 - La salle René Cassin
10 - La salle de la section des finances
11 - La salle du Tribunal des conflits et de la section de l'Administration
12 - La salle du contentieux
Histoire du Palais-Royal
Le Palais-Royal de Richelieu à Louis XIV
Le cardinal de Richelieu acheta en 1624 l'hôtel de Rambouillet, au nord du Louvre, pour en faire un palais. Il acquit également les terres situées entre l'hôtel et l'enceinte médiévale de Paris. L'architecte Lemercier reçut la direction des travaux du "Palais-Cardinal".
Le cardinal était un collectionneur d'œuvres d'art. Il installa deux galeries de peinture, l'une dans l'aile sud-ouest dite "Petite Galerie", et l'autre dans l'aile nord-ouest dite "Galerie des hommes illustres". De cette dernière subsistent encore aujourd'hui quelques tableaux de Philippe de Champaigne et de Simon Vouet.
Philippe de Champaigne (1602-1674), nous a laissé des tableaux à thèmes religieux assez austères. Mais il produisit aussi des oeuvres profanes. Il y manifestait un baroque modéré, contrepoids au lyrisme de Simon Vouet (1590-1649).
Avec Simon Vouet, il fut l'un des peintres les plus recherchés de Paris. Le cardinal de Richelieu et Anne d'Autriche passèrent à tous deux plusieurs commandes pour le Palais-Royal.
Pour la Galerie des hommes illustres, Philippe de Champaigne peignit un Gaston de Foix et sans doute le portrait de Louis XIII couronné par la Victoire. Nous avons conservé de lui plusieurs portraits d'Anne d'Autriche, dont l'un est exposé dans la salle des pas perdus du Palais-Royal (cette attribution a cependant été récemment remise en cause par plusieurs historiens d'art).
D'autres peintures ornaient le palais, notamment deux toiles de Nicolas Poussin représentant Le buisson ardent et Le Temps soustrayant la Vérité aux atteintes de l'envie et de la discorde. La présence de modèles de la peinture italienne tels La Vierge, l'Enfant et Sainte Anne de Léonard de Vinci et Les pèlerins d'Emmaüs de Véronèse, fut une source d'inspiration pour les peintres français.
Il ne reste du Palais-Cardinal que la Galerie des proues qui correspond à la façade de l'aile nord-est donnant sur la Cour d'honneur. Cette galerie doit son nom aux bas-reliefs représentant des proues de navires, qui rappellent que Richelieu était Grand-Maître de la navigation.
La régence d'Anne d'Autriche
Le cardinal avait prévu que le roi hériterait de sa demeure. C'est pourquoi Anne d'Autriche, régente, et le jeune Louis XIV résidèrent dans l'aile nord-est, à partir de 1643. Louis XIV ne quitte le Palais-Royal pour le Louvre qu'en 1661.
La régente confia à Simon Vouet la poursuite des travaux et de la décoration. L'un de ses tableaux, aujourd'hui conservé au Louvre, La Prudence amène la Paix et l'Abondance, provient du Palais-Royal.
Certains événements mouvementés de la Fronde eurent lieu au Palais-Royal. Le peuple parisien y pénétra même pour voir le jeune roi. Louis XIV supporta difficilement cette humiliation et n'oublia jamais qu'il dut un jour s'enfuir à Saint-Germain-en-Laye.
La salle de Molière et de Lully
Richelieu avait fait construire dans l'aile sud-est une salle de spectacles, car il avait un goût prononcé pour le théâtre. Louis XIV décida en 1660 que celle-ci, jusqu'alors privée, serait ouverte au public. Une entrée fut aménagée dans l'actuelle rue de Valois.
Molière, directeur de la troupe du roi, s'établit au Palais-Royal où il joua presque toutes ses pièces.
C'est dans ce théâtre qu'il fut saisi par le malaise qui devait lui être fatal, le 17 février 1673, à l'issue d'une représentation du Malade imaginaire. Par la suite, la salle fut réservée aux opéras de Lully.
Cette salle se trouvait vraisemblablement à l'emplacement de l'actuelle salle du contentieux.
Le Palais-Royal des Orléans
Lorsque Louis XIV s'installa au Louvre en 1661, son frère Philippe, duc d'Orléans, fut autorisé à habiter le Palais-Royal.
Ses deux épouses y résidèrent : Henriette d'Angleterre, dont Bossuet écrivit la fameuse oraison funèbre en 1670, puis la princesse Palatine, qui nous a laissé des mémoires très vivants.
Le roi imposa en 1692 sa fille légitimée, Mlle de Blois, en mariage au duc de Chartres, fils du duc d'Orléans et de la princesse Palatine. Ces derniers en tirèrent une grande humiliation. Le roi leur donna en compensation l'apanage du Palais-Royal.
Monsieur, puis son fils, devenu duc d'Orléans en 1701, puis régent à partir de 1715, y organisèrent de nombreuses festivités et y firent de coûteux aménagements.
Le Palais-Royal resta jusqu'en 1848 la résidence des ducs d'Orléans.
Les travaux entrepris par le Régent
Les Orléans n'habitèrent pas dans l'aile nord-est, où Anne d'Autriche avait eu ses appartements. Mais ils s'installèrent dans la partie ouest, le long de la rue de Richelieu, dans l'ancien palais Brion. Avant de devenir Régent, le duc de Chartres chargea Oppenord des décorations du grand appartement. Il y développa ce qui devint le style "Régence".
Au nord de ces appartements, une nouvelle galerie fut construite par Hardouin-Mansart. Coypel y peignit des thèmes virgiliens, si bien qu'elle fut appelée "galerie d'Enée".
Au sud, le Régent installa de petits appartements où il recevait ses maîtresses et des courtisans dignes du supplice de la roue, les roués.
Toute cette partie fut détruite en 1784, lorsque le Théâtre-Français, l'actuelle Comédie-Française, y fut construit.
Louis-Philippe d'Orléans et les travaux de Contant d'Ivry et de Moreau-Desproux
Le fils du Régent résida peu au Palais-Royal et n'y entreprit pas de travaux. On lui doit seulement la place de Valois, qui était à l'époque une dépendance du Palais-Royal, selon les plans de l'architecte Cartaud. En 1741, il abandonna le palais à son fils Louis-Philippe d'Orléans, qui lança deux campagnes de construction.
Contant d'Ivry fut chargé de la première de celles-ci, en 1752. Deux salles datent de cette époque : la salle de la section des finances et l'ancienne salle à manger, où siège aujourd'hui le Tribunal des conflits. Contant d'Ivry décora aussi la première de ces pièces dans le goût délicat du début du siècle et la seconde dans le style néo-classique.
Après l'incendie de la salle de l'opéra en 1763, une reconstruction générale du palais fut entreprise. Le bâtiment central et les deux ailes de l'avant-cour datant de Richelieu furent rasés. L'architecte Moreau-Desproux reconstruisit la salle de spectacles et les façades de la première cour.
Contant d'Ivry construisit le bâtiment central actuel et la façade nord sur la cour d'honneur. Le grand escalier, qui remplaça celui de Lemercier, est également son oeuvre.
Le futur Philippe Egalité et l'architecte Victor Louis
Louis Philippe Joseph d'Orléans est à l'origine de l'ensemble architectural du Palais-Royal tel que nous le connaissons aujourd'hui, laissant ainsi aux Parisiens l'un de leurs plus beaux jardins publics. Dans le cadre d'une importante opération immobilière, il fit en effet construire des maisons autour du parc situé derrière son palais, selon le même modèle architectural, et les loua à des particuliers.
Il fit des jardins du Palais-Royal un lieu d'agitation où se jouèrent certains des premiers soulèvements de la Révolution.
Le Palais-Royal de 1793 à l'installation du Conseil d'État
La Révolution et l'Empire ne modifièrent rien à l'architecture du Palais-Royal. Pendant l'exil de la famille d'Orléans, le Palais-Royal accueillit successivement les conseils du Directoire puis, sous le Consulat, le Tribunat.
Une salle fut aménagée à cet effet en 1801. Elle devint plus tard la salle de l'Assemblée générale.
Lorsque la famille d'Orléans reprit possession des lieux, le futur roi des Français, Louis-Philippe chargea François-Léonard Fontaine de réaménager le palais. L'architecte avait déjà travaillé sous l'empire aux Tuileries où il avait réalisé la salle de séances du Conseil d'État.
Au Palais-Royal, il travailla surtout à la cour d'honneur. Il établit la colonnade le long des deux ailes et construisit, à l'est, le pavillon de Valois affecté aujourd'hui au ministère de la Culture et, à l'ouest, le pavillon de Montpensier occupé maintenant par le Conseil constitutionnel.
Enfin, il commença la galerie d'Orléans qui sépare la cour d'honneur du jardin.
Dans le bâtiment central, ses interventions furent moins importantes et se limitèrent à l'aménagement de l'appartement des ducs d'Orléans, au cours duquel il transforma la salle du Tribunat en chapelle.
La révolution de 1848 fut particulièrement destructrice pour le Palais-Royal, bien que le roi ne l'habitât plus. Les intérieurs furent en grande partie saccagés et les armes des Orléans retirées du fronton de la façade.
Jérôme Bonaparte et les travaux de Prosper Chabrol
Sous le règne de Napoléon III, le Palais-Royal devint la demeure du prince Jérôme, frère de Napoléon 1er et ancien roi de Westphalie, jusqu'à sa mort en 1860, puis de son fils, le Prince Napoléon, qui avait épousé la princesse Marie-Clotilde de Savoie.
Les travaux d'aménagement furent confiés à Prosper Chabrol, l'architecte de la façade du Théâtre-Français sur la rue Saint-Honoré. Il refit l'intérieur de l'aile de Valois, du bâtiment central où il aménagea notamment le "Salon de la fontaine", à l'emplacement de l'actuelle salle de la section de l'intérieur.
L'incendie de 1871
Un peu plus de vingt ans après le saccage de 1848, un deuxième désastre toucha le Palais-Royal. En mai 1871, pendant la Commune, l'édifice fut incendié.
Heureusement, le dévouement de quelques habitants du quartier permit d'éviter la destruction complète du bâtiment. Cependant, l'aile droite de la Cour de l'horloge et les étages du bâtiment central brûlèrent.
L'installation du Conseil d'État au Palais-Royal
Le palais revint au domaine de l'État avec la Troisième République. Or le Conseil d'État se trouvait sans bâtiment depuis que le Palais d'Orsay avait complètement brûlé pendant la Commune.
Dès l'été 1871, le gouvernement décida d'installer le Conseil d'État au Palais- Royal : le bâtiment central et les deux ailes de la Cour de l'horloge lui furent attribués, ainsi qu'une partie de l'aile Valois et la salle Napoléon, dans l'aile Montpensier.
Etabli temporairement à Versailles, le Conseil d'État ne vint au Palais-Royal qu'en 1875.
Prosper Chabrol mena les travaux de restauration de 1872 à 1874. Il aménagea notamment, à cette époque, la salle du contentieux. Wilbrod, son fils, travailla quant à lui à la redistribution des espaces intérieurs. Depuis cette époque, celle-ci n'a pas sensiblement changé.