Le nom de la salle est dû au fait que la salle faisait partie des appartements du prince Napoléon-Jérôme et qu’y figurait un buste de Napoléon III, ou qu’un buste de Napoléon Ier se trouve actuellement au-dessus de la cheminée.
Elle est la partie restante d’une galerie qui allait de cette salle jusqu’à la rue Saint-Honoré et qui a abrité de 1831 environ à 1848 une galerie de tableaux de l’histoire du Palais-Royal, commandés par Louis-Philippe (à l’image de la galerie de l’histoire de France du palais de Versailles). Les tableaux ont été détruits à l’exception de celui de Blondel, installé aujourd’hui dans la salle des pas perdus et décrit plus haut. La galerie a servi aussi occasionnellement de salle de bal et de salle de théâtre à la même époque.
Après la révolution de 1848, Napoléon III attribua des appartements, dont cette salle faisait partie, à Cambacérès, grand maître des cérémonies (l'officier chargé d'ordonner toutes les cérémonies publiques de l’empereur).
En 1858, le prince Napoléon Jérôme, devenu ministre de l’Algérie et des Colonies, récupère cette salle pour l’exercice de ses fonctions. Elle est devenue salle à manger à partir de 1859.
Elle a été affectée à la Cour des comptes lors de son installation provisoire de 1872 à 1910. Elle a reçu divers usages ensuite.
Elle est devenue une salle de travail pour le Conseil d’État vers 1950.
Les colonnes engagées des deux côtés de la pièce avec des chapiteaux ioniques constituent des vestiges de la grande galerie de peinture de l’histoire du Palais-Royal.
Le reste de la décoration, caractérisé par un style très chargé, date du Second Empire. Il est l’œuvre de l’architecte Prosper Chabrol et du sculpteur-décorateur Jean-Baptiste Jules Klagmann.
On peut également repérer les symboles napoléoniens, tels que les grands N accompagnés d’abeilles au-dessus des portes ou sur la cheminée.
Le plafond fait écho à l’usage de la pièce comme salle du ministère des Colonies.
On remarque en effet des instruments et symboles évoquant la colonisation et les bienfaits qui lui étaient alors prêtés aux quatre coins du grand panneau central : l’agriculture (céréales, fleurs), la navigation et les sciences (longue-vue, compas, boussole, noms de savants), le commerce et l’industrie, les beaux-arts (instruments de musique, palette, outils, livre au nom d’Ovide).
Dans les coins des carrés, on trouve des figures féminines qui représentent les principaux continents : Asie (Orient), Amérique, Afrique et Europe.
Les motifs qui décorent les arcades sont d’inspiration antique. Certains éléments pourraient évoquer les colonies. Des noms d’écrivains apparaissent : Buffon, Racine, Corneille, Voltaire, Molière, Descartes, mais il ne semble pas y avoir de rapport entre les motifs et les écrivains honorés. L’hommage à de grands hommes de lettres n’est pas rare dans ce type de salle. Peut-être que leur présence fait écho aux goûts littéraires du prince Jérôme-Napoléon. Les consoles (en architecture, une console est une pièce, généralement galbée en forme de « S », servant de support à un balcon ou à un élément en saillie par rapport à la façade) vides devaient abriter les bustes de ces auteurs mais ces sculptures, présentes sur une gravure de 1865, ont aujourd’hui disparu. Il existe un projet de réinstallation de copies de ces bustes.
La restauration de cette salle qui s’est achevée en 2013 a demandé 2800 heures de travail. Elle a permis de restituer des décors disparus sous les couches de peinture et de reconstituer la décoration d’origine tout en veillant à aménager des espaces de travail plus ergonomiques.