1753 - 1824
Le Conseil d'État doit beaucoup à Cambacérès. C'est lui en effet qui, avec Sieyès, introduisit cette nouvelle institution dans la Constitution de l'an VIII.
Issu d'une famille de magistrats de Montpellier, il vint à Paris comme député du Tiers-État aux États Généraux en 1789. Membre de la Convention en 1792, affecté au Comité de législation, il s'affirma comme l'un des plus subtils juristes de son temps. Après la mort du roi, qu'il a votée dans la crainte, non sans avoir âprement défendu le parti contraire, il fit retraite et entreprit le classement des quinze mille décrets votés depuis le commencement de la Révolution.
La chute de Robespierre, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) le fit revenir sur la scène politique. Il présida successivement la Convention, le Comité de salut public puis, sous le Directoire, le Conseil des Cinq-Cents. Après le coup d'état du 18 brumaire et l'arrivée au pouvoir de Bonaparte, il devint, en 1799, deuxième Consul. C'est à ce titre qu'il participa à la fondation du Conseil d'État.
Il choisit lui-même les 29 premiers conseillers et présida plusieurs fois leur assemblée en l'absence du Premier Consul, puis de l'Empereur. Afin de favoriser la réconciliation des Français, il fit en sorte que le premier avis qu'elle rendit visât à abroger les lois d'exception émises à l'encontre des nobles et parents d'émigrés. En 1806, il fut à l'origine de la nomination des premiers maîtres des requêtes, qui siégèrent à la commission du contentieux nouvellement créée.
Cambacérès fut associé à la genèse de toutes les grandes institutions de l'Empire et à son oeuvre législative. Il fut, avec Portalis et Tronchet, l'un des rédacteurs du code civil. Il occupa les plus hautes charges et fut couvert d'honneurs : président du Sénat et du Tribunat, archichancelier de l'Empire, prince et duc de Parme.
A la chute de l'Empire, il fut proscrit par Louis XVIII et partit pour Bruxelles. Il fut toutefois rappelé en 1818 et mourut à Paris le 8 mars 1824.
© Photo - Jean Jacques Régis de Cambaceres par Pierre Louis Joseph de Coninck, huile sur toile, 1876