Le 12 décembre, le Comité d'histoire du Conseil d'État et de la justice administrative a organisé une conférence dédiée à Léonce de Lavergne, économiste, homme politique et homme de lettres français. Elle a été animée par Jean Barthélémy, ancien président de l'Ordre des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation.
Par ses origines, sa formation, ses amitiés , ses protections, ses ambitions, les formes de son ascension sociale, ses convictions, ses activités professionnelles, du journalisme du quotidien et des revues (la Revue des deux Mondes essentiellement) à la haute fonction publique, son rôle politique déterminant à la fin de sa vie, Léonce de Lavergne est de ces personnages de second rang qui ont personnifié les élites bourgeoises nées sous l’Empire, mûries sous la Restauration, élevées - jusqu’au Conseil d’État- sous la Monarchie de juillet, par leur talent propre et grâce la bienveillante mais clairvoyante faveur de grands noms (François-René de Chateaubriand, Charles de Rémusat, Tanneguy Duchâtel, François Guizot), brutalement interrompues dans leur élan par 1848, exilées dans l’univers de la pensée par le coup d’État, connaissant leur résurgence sous l’Empire libéral, accomplissant leur destin politique après 1870.
Ce qui distingua Léonce de Lavergne et fit l’unité de sa vie, ce fut pour l’essentiel une provincialité toulousaine assumée, un perpétuel besoin d’intellectualité tempéré par un irrépressible désir d’action, un sentiment très vif de la nature aiguisé par le pyrénéisme, le portant à se passionner pour l’agriculture au point de devenir le « père » de l’économie rurale , et par celle-ci, à acquérir le goût immodéré de l’économie politique caractéristique de son temps, se faisant en même temps historien, géographe , naturaliste, sociologue et toujours grand écrivain. Mais sa vraie passion fut celle d’un enfant des deux révolutions fondatrices, 1789 et 1830, la liberté , qui fit de cet orléaniste doctrinaire doté d’une rare indépendance d’esprit et de tempérament, non seulement un apôtre reconnu du parlementarisme et de la décentralisation, mais encore , en 1848, un adepte immédiat du suffrage universel, et surtout , en 1875, le député à l’Assemblée nationale , estimé de ses pairs et fort de soutiens d’importance, qui, au prix d’un geste disruptif mais décisif , la création d’un groupe parlementaire associant autour de son nom des personnalités des deux centres, permit à la République d’enfin advenir en faisant adopter l’amendement présenté par Henri Wallon, membre de ce groupe.
La conférence en vidéo :
Introduction par Martine de Boisdeffre, présidente de la section du rapport et des études, présidente du comité d’histoire du Conseil d’État et de la juridiction administrative
Conférence animée par Jean Barthélémy, ancien président de l'Ordre des avocats au Conseil d’État et à la Cour de Cassation
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La conférence au format podcast :