Saisi par plusieurs associations, le juge des référés du Conseil d'État juge aujourd’hui que l’accrochage du tableau, « Fuck abstraction ! » au Palais de Tokyo, lieu dédié à la création contemporaine ne porte pas une atteinte grave et illégale à l’intérêt supérieur de l’enfant ou à la dignité de la personne humaine. Il relève, d’une part, que des mesures ont été prises pour dissuader l’accès des mineurs et, d’autre part, que les panneaux explicatifs tout au long du chemin d’accès permettent de redonner à ce tableau le sens que Miriam Cahn a entendu lui attribuer, c’est-à-dire de dénoncer les viols en Ukraine.
Des associations ont fait appel de l’ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Paris qui avait rejeté leur demande d’ordonner le retrait du tableau « Fuck abstraction ! » de l’artiste Miriam Cahn, exposé au Palais de Tokyo, estimant que celui-ci dépeignait un viol d’enfant par un adulte et pouvait être vu par des mineurs.
Le juge des référés du Conseil d’État observe tout d’abord que la société Palais de Tokyo a entouré l’accès au tableau « Fuck abstraction ! » de précautions visant à en écarter les mineurs non accompagnés et dissuader les personnes majeures accompagnées de mineurs. Deux agents de surveillance sont positionnés à l’entrée et au milieu de la salle et un médiateur est présent de manière continue au niveau du tableau.
Il ressort également des débats à l’audience et des pièces de l’instruction que la seule intention de l’artiste est de dénoncer un crime. Le juge des référés relève que des cartels informatifs ont été positionnés tout au long du chemin conduisant à l’œuvre. Ces éléments de contexte permettent de redonner à cette œuvre le sens que Miriam Cahn a entendu lui attribuer. Le panneau positionné au centre de la pièce indique que le tableau a été réalisé après la diffusion des images du charnier de Butcha en Ukraine. Celui qui est placé juste à côté de l’œuvre fait référence aux crimes commis à Butcha, dénoncés comme crimes de guerre et précise que la victime est une personne adulte.
Dans ces conditions, le juge des référés estime que l’accrochage de ce tableau, dans un lieu dédié à la création contemporaine et connu comme tel, et accompagné d’une mise en contexte détaillée, ne porte pas d’atteinte grave et manifestement illégale à l’intérêt supérieur de l’enfant ou à la dignité de la personne humaine.