Le Conseil d’État
L’année 2018 vue par
Bruno Lasserre,
vice-président du Conseil d’État
L’année 2018 a été une année marquante pour la juridiction administrative, placée sous le sceau de la continuité autant que de la transformation. Bruno Lasserre revient sur les temps forts de l’activité du Conseil d’État et de la juridiction administrative.
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Une année marquante pour la juridiction administrative
L’année 2018 a été une année marquante pour la juridiction administrative, placée sous le sceau de la continuité autant que de la transformation. Le bilan statistique qui vous est présenté dans les pages suivantes reflète d’abord la persistance d’une demande de justice forte, une tendance observable sur le long terme. L’activité des juridictions administratives est ainsi restée très dynamique avec une progression du nombre de nouveaux recours de plus de 8 % en première instance et en appel, et de plus de 9 % devant la Cour nationale du droit d’asile.
Malgré ces chiffres, la juridiction administrative a poursuivi son action sans faiblir, soucieuse de rester à la hauteur des attentes placées en elle. Les juridictions ont ainsi œuvré à la régulation sociale, rendant des jugements importants notamment en matière de fin de vie, d’aménagement du territoire et de liberté d’expression.
La fonction consultative mais aussi la force de proposition du Conseil d’État se sont pour leur part illustrées par la qualité et l’actualité de leurs travaux. Plusieurs avis majeurs ont été rendus sur des sujets aussi divers que la révision de la Constitution ou la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales. La section du rapport et des études a pour sa part rendu plusieurs rapports qui feront date sur des sujets essentiels pour notre pays : la citoyenneté, la révision des lois de bioéthique, la prise de risque dans l’action publique, l’inflation normative et les règles de publicité applicables aux professions de santé.
2018 a aussi été une année de transformation, plusieurs chantiers ayant été menés à bien. En particulier, l’accessibilité de la juridiction administrative a été renforcée grâce à deux réformes majeures : la rénovation du mode de rédaction et l’extension des téléprocédures. Après une expérimentation et des évolutions progressives, la généralisation de la nouvelle rédaction des décisions de justice au premier janvier 2019 résulte de la volonté du juge administratif de ne pas seulement rendre des décisions compréhensibles par les professionnels du droit, mais de se faire comprendre de tous les citoyens. Quelques mois après sa généralisation en novembre 2018, Télérecours citoyens est aussi à mettre au crédit d’une accessibilité renforcée du juge administratif : même non représentés par un avocat, les justiciables peuvent désormais saisir la juridiction administrative par voie dématérialisée. La justice administrative est une justice du quotidien. En facilitant l’accès au juge et en fluidifiant ses communications avec les parties, ces réformes contribuent à rendre un meilleur service à ceux – ils sont nombreux – qui ont recours à elle.
« L’année 2019 s’annonce comme une année charnière pour notre pays, mais la juridiction administrative et le Conseil d’État sauront prendre toute leur part aux réformes qui s’imposent pour répondre aux attentes des citoyens. »
L’année 2018 a également permis d’ancrer la médiation dans notre culture juridictionnelle, au profit des parties qui obtiennent ainsi un règlement plus rapide, complet et équitable de leur litige. Il nous faudra aussi tirer toutes les conséquences de l’expérimentation de la procédure de médiation préalable obligatoire actuellement menée pour certains recours relatifs aux prestations et aides sociales ou de la fonction publique territoriale.
Le Conseil d’État et la juridiction administrative doivent désormais poursuivre leur modernisation pour continuer à rendre une justice pertinente, efficace et de qualité. Plusieurs projets sont en cours – le perfectionnement de nos outils numériques, la rénovation de nos locaux pour en renforcer l’accessibilité et la sécurité, la promotion d’une meilleure inclusion et d’une plus grande diversité dans nos juridictions… Surtout, par nos décisions, nos avis et nos études, nous devons, dans une France souvent fractionnée et traversée de tensions, être les acteurs de solutions concrètes et montrer qu’il n’y a pas d’avenir commun sans respect de l’État de droit.
L’année 2019 s’annonce comme une année charnière pour notre pays, mais la juridiction administrative et le Conseil d’État sauront prendre toute leur part aux réformes qui s’imposent pour répondre aux attentes des citoyens.
Bruno Lasserre,
vice-président du Conseil d’État.