Si, en dernier ressort, le Parlement « vote la loi », plusieurs acteurs concourent à son élaboration, dont le Conseil d’État. Le Gouvernement s’appuie sur son « conseil », qui l’assure à la fois du bien-fondé juridique de ses projets et de la mise en œuvre la meilleure, au regard du principe de « bonne administration ».
L’année 2014 aura été particulièrement riche en affaires médiatiques à l’occasion desquelles l’opinion publique semble avoir (re)découvert la capacité du juge administratif à juger « en quelques heures ». Mais au delà des procédures d’urgences, c’est l’ensemble de la juridiction administrative qui a su réduire le délai prévisible moyen de jugement sur les dix dernières années.
Le numérique et
les droits fondamentaux
« Le Conseil d’État a toujours été un gardien des droits et libertés fondamentaux ; novateur parce que le phénomène du numérique revêt des dimensions technique, économique et de société qui bouleversent les repères juridiques habituellement reconnus.
Le numérique, qui conduit à une mise en données et à une mise en réseau générale, pose, en cela, problème aux droits fondamentaux ; non qu’il serait, en soi, un phénomène négatif, mais parce qu’il met en question leur contenu et leur régime.
L’étude commandée par le Gouvernement au Conseil d’État consiste à proposer une approche globale et à répondre à la question suivante : face aux bouleversements suscités par le numérique, dans quelle mesure la protection des droits fondamentaux doit-elle être repensée ? Elle apporte également des réponses aux nombreuses questions actuellement en débat telles que la neutralité d’Internet, le droit propre aux plateformes numériques, la propriété des données ».
Jacky Richard, Rapporteur général, et Maryvonne de Saint Pulgent, Présidente de la section du rapport et des études du Conseil d’État
pour mettre le numérique au service des droits individuels et de l’intérêt général et éclairer les travaux engagés par les pouvoirs publics
Le juge administratif et le droit de l’environnement
« L’objectif de protection de l’environnement est intégré dans de nombreuses législations qui étaient auparavant davantage cloisonnées. Et cette intégration s’est significativement renforcée. Le juge administratif a eu à en tirer les conséquences.
Tous les litiges relatifs à l’environnement sont sous-tendus par la recherche d’une conciliation entre des objectifs parfois contradictoires. La protection de l’environnement est évidemment un but d’intérêt général. Mais elle peut entrer en conflit avec certaines activités humaines et industrielles qui poursuivent parfois elles aussi des intérêts généraux divergents.
La Charte de l’environnement de 2004 a entraîné plusieurs séries de changements. Sur le fond, certains droits sont inédits, au moins dans leur formulation, par exemple celui de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé, posé par l’article 1er de la Charte. D’autres principes figuraient déjà dans l’ordre juridique, par exemple le principe de précaution. Mais, en les inscrivant dans la Constitution, elle les a hissés au plus haut niveau de la hiérarchie des normes ».
Clémence Olsina, Auditrice, rapporteur à la 6e sous-section du contentieux du Conseil d’État, rédactrice du dossier thématique
composent la Charte de l’environnement, qui a une valeur constitutionnelle
L’ouverture et l’échange
pour Confronter les idées
Pour bien conseiller et pour bien juger, il faut comprendre les réalités que saisit le droit. Et les meilleures décisions sont celles qui sont éclairées par le débat et par la confrontation des idées. Fort de ces convictions, le Conseil d’État – profondément marqué par la collégialité de ses procédures internes – a souhaité depuis quelques années approfondir ses échanges avec différents publics.
La section du rapport et des études organise régulièrement des conférences et des colloques réunissant magistrats, enseignants-chercheurs, praticiens de l’administration ou du secteur privé, mais aussi membres des juridictions de l’Union européenne et représentants des états de l’Union. L’année 2014 aura notamment été marquée par un important cycle de conférences intitulé « Où va l’État ? » proposant d’aborder l’État sous tous les angles et le rôle de l’ensemble des acteurs.
D’autres rendez-vous sont par ailleurs proposés par le comité d’histoire du Conseil d’État. En 2014, une demi-journée d’étude a été organisée avec la Fondation Charles de Gaulle à l’occasion du 70e anniversaire de l’ordonnance du 9 août 1944. Intitulée « Rétablir la légalité républicaine », elle a été conclue par M. Manuel Valls, premier ministre.
Hubert Védrine, Francis Delon et Raphaëlle Bacqué, lors de la 8e Conférence du cycle “Où va l’État ?”
organisées par le Conseil d’État entre 2013 et 2015 pour le cycle intitulé « Où va l’État ? »